Le littoral héraultais est divisé en cellules sédimentaires. Une cellule sédimentaire est une portion du littoral ayant un fonctionnement hydro-sédimentaire relativement autonome par rapport aux secteurs voisins.
Carte présentant les cellules sédimentaires et le sens de leur dérive littorale sur le linéaire héraultais (EID, 2017)
Ces grandes cellules sédimentaires représentant les grandes tendances du fonctionnement littoral sont divisées en sous-cellules sédimentaires. En général, au sein d’une même sous-cellule, la direction de la dérive littorale est la même. Ces unités sont également définies en fonction de limites structurales qui contraignent le comportement morpho-dynamique de l’avant côte. Ces limites peuvent être naturelles (cap rocheux, embouchures de fleuves) ou anthropiques (jetées portuaires).
La dérive littorale
Lorsque les vagues de houle arrivent sur l’avant-côte avec une direction oblique par rapport au trait de côte, un courant dit de dérive littorale se met en place. L’intensité de ce courant de dérive dépend principalement de la hauteur de la houle au large et de l’angle des crêtes de vagues par rapport à la direction perpendiculaire à la plage. Plus les vagues arrivent de biais (non frontalement au trait de côte), plus le courant sera fort.
Deux directions de dérive antagonistes sont indéniablement à l’œuvre à fréquence horaire/journalière sur le littoral héraultais. Ceci est lié aux directions des tempêtes : en effet, deux directions de tempêtes sont prédominantes sur le littoral héraultais, avec des vagues venant soit du SSE (Sud-Sud-Est), soit de l’ESE (Est-Sud-Est). Ainsi donc, sur la zone où le trait de côte est en majorité tourné face au sud-est (perpendiculaire au Sud-Est), les vagues de SSE favoriseront une dérive vers le Nord-Est, et les vagues d’ESE une dérive vers le Sud-Ouest (voir images ci-dessous).
Blocs diagrammes explicatifs de l'origine du sens de la dérive littorale sur le littoral héraultais (CD34,2021)
La dérive est souvent décrite dans sa résultante annuelle, basée sur des observations sur plusieurs années/décennies. Toutefois, certaines années, les intensités, voire même le sens du transport sur les plages peut changer. Ce peut être le cas sur les zones limites de séparation des dérives, ou sur les zones où la dérive habituelle (résultante annuelle) est faible, comme les zones faisant face au sud-est (lido de Sète).
Tous les auteurs s’accordent sur un sens de dérive littorale dominant vers l’ouest entre l’Hérault et l’Aude. Selon les auteurs, l’intensité de la dérive varie fortement avec une intensité du flux sédimentaire moyen estimé entre 10 000 et 100 000 m3/an de sable en transit.
Les expérimentations historiques de traçage du sable dans la région ont montré que les déplacements des grains de sable sous l’effet de la dérive peuvent atteindre des distances de plus de 100 m/jour, occasionnellement, en conditions agitées.
L’effet du vent sur la modification des courants dans la zone de déferlement est un sujet qui doit être investi plus en profondeur dans les futures études. Les campagnes de mesure indiquent que le vent peut renforcer de manière significative, parfois jusqu’à un facteur deux, les vitesses du courant de dérive.
La dérive littorale redistribue donc les volumes de sable le long des plages et a permis de construire les cordons littoraux visibles aujourd’hui. La construction d’ouvrages de génie civil sur la plage ou en mer perturbe ce courant et crée des zones d’accumulation (ou accrétion) et d’érosion différentielle de part et d’autres de ceux-ci. Ce phénomène est d'autant plus marqué pour les ouvrages transversaux de type épis / digues portuaires, mais il se produit également avec les ouvrages longitudinaux de type brise-lames, où le tombolo de sable qui se crée systématiquement en arrière du brise-lame joue un rôle d'épi. La construction des grandes digues d’embouchure et des batteries d’épis est responsable de l’aggravation de l’érosion en "aval-dérive". Il est donc possible avec les épis et les brise-lames de maintenir le sable par effet "casier" sur un secteur, mais c'est toujours au détriment du secteur voisin situé en "aval-dérive".
Schéma présentant les différents types d'ouvrages de protection en dur impactant la dérive littorale et la morphologie de la plage (EID, 2020)