Acquisitions et résultats 2020
A l’issue de la réunion de lancement du suivi du littoral Ouest-Hérault, un programme d'acquisition a été validé pour 2020 par l’ensemble des partenaires institutionnels du projet. Le planning d'acquisition pour la 1ère année de suivi consiste à :
- Lever le trait de côte au DGPS sur tout le territoire d’étude en septembre, période où les plages sont censées être les plus larges
- L'acquisition de profils topo-bathymétrique sur la zone d'étude avec un total de 39 profils. Parmi ces 39 profils, 12 sont réalisés en direct pour le Département de l'Hérault dans le cadre de son observatoire du littoral et viennent en complément de ceux prévus par le marché afin d'offrir le maximum de couverture et d'information sur la zone d'étude.
- L'acquisition de Modèles Numériques de Terrain (MNT) ou surfacique (MNS) afin d'avoir un couverture 3D sur des endroits stratégiques à suivre. Pour l'année 2020, en concertation avec les EPCI et leurs besoins, différentes zones ont été ciblées telles que le suivi d'un cordon dunaire par drone, ou bien le suivi mixte (terrestre et marin) d'embouchures de graus ou anciens graus.
Rapport complet : Suivi du littoral Ouest-Hérault 2020
Voici des cartes présentant la localisation des différentes acquisitions qui ont eu lieu en 2020:
Carte présentant l'acquisition au DGPS du trait de côte en 2020 (EID 2020 pour le CD34, CAHM, CABM et CC La Domitienne)
Carte présentant la localisation des profils topo-bathymétrique réalisés en 2020 (EID 2020 pour le CD34, CAHM, CABM et CC La Domitienne)
Carte présentant la localisation des MNT et MNS réalisés en 2020 (EID 2020 pour le CD34, CAHM, CABM et CC La Domitienne)
Pour cette 1ère année d'acquisition (2020), les données seront comparées au LIDAR 2015 qui représente les données les plus récentes, continues et homogènes sur la zone d'étude. Pour les années suivantes, les données de l'année N seront comparées aux données de l'année N-1.
Evolution du trait de côte entre 2015 et 2020
La méthode d’analyse des variations fines et locales du trait de côte, grâce à l’outil de quantification des déplacements transversaux DSAS, a été utilisée. Ce module créé par l’USGS (United States Geological Survey) permet d'étudier les variations du trait de côte. La méthode de calcul statistique consiste à tracer en arrière du rivage une ligne de référence qui suit de manière simplifiée le trait de côte, puis de créer des transects perpendiculaires régulièrement espacés qui viennent recouper tous les traits de côte disponibles. Pour chaque transect et chaque année on mesure alors la distance entre la ligne de référence et le point correspondant à l’intersection entre le trait de côte et le transect, et on les compare entre elles. Cette méthode permet de révéler, pour chaque section ainsi définie, les points de concentration de l’érosion ou de l’accrétion. Par précaution, afin de lisser l’effet localisé des croissants de plage (liés aux formes des bancs de sable immergés), les valeurs de régression ou d’accrétion sur chaque transect ont été moyennées avec les valeurs des deux transects voisins.
Schéma illustrant la méthode DSAS (orthophotographie IGN 2017)
Ci-dessous sont présentés les résultats de l'évolution du trait de côte sur la zone d'étude entre 2015 (données issu du LIDAR) et 2020 :
Evolution du trait de côte selon la méthode DSAS pour la période 2015-2020 (EID 2020 pour le CD34, CAHM, CABM et CC La Domitienne)
Une technique supplémentaire a été utilisée pour lisser les résultats de la méthode DSAS. En effet, cette dernière s’avère très efficace avec un profil tous les 100 m, mais l’idée est de présenter une carte dans laquelle l’évolution du trait de côte pour chaque secteur sera simplifiée et évidente dès le premier coup d’oeil. 16 secteurs ont ainsi été définis en fonction de la morphologie du littoral ainsi que des limites communales. Les valeurs de chaque profil sont cumulées et moyennées afin d’obtenir une tendance générale pour le secteur. Le résultat final est présenté sous la forme d’un seul et même tracé (positionné sur le trait de côte) qui couvre la zone d’étude et qui change de couleur en fonction des valeurs moyennes, selon une échelle de graduation définie.
Exemple de secteurs divisés sur la zone d'étude avec les profils DSAS pour établir une moyenne par secteur de l'évolution du trait de côte (EID 2020 pour le CD34, CAHM, CABM et CC La Domitienne)
Evolution moyenne par an du trait de côte pour les 16 secteurs de la zone d'étude entre 2015 et 2020 (EID 2020 pour le CD34, CAHM, CABM et CC La Domitienne)
Evolution des volumes entre 2015 et 2020
Par comparaison des profils topo-bathymétriques entre 2015 et 2020, il a été possible de calculer les variations de volumes sur la plage émergée et l'avant-côte (voir ci-dessous).
Représentation graphique de la méthode de calcul des variations de volumes sur les profils topo-bathymétriques entre deux datespour 3 portions distinctes du profil : la plage émergée, la plage immergée avant la profondeur de fermeture de -7 m, et la zone du glacis d’avant-côte au large entre -7 m et -11 m (EID 2020 pour le CD34, CAHM, CABM et CC La Domitienne)
Les évolutions de volumes varient fortement d’un profil à un autre, et même parfois entre deux profils voisins. Cette forte variabilité révèle ici une influence locale importante des changements de morphologie de la plage survenus suite à des modifications du relief de la zone immergée et des barres d’avant-côte. En effet, les changements sur les barres d’avant-côte (modification de leurs formes de croissant, de la position des points hauts…) modèlent sur la plage des zones de creux et d’avancée du trait de côte qui changent significativement dans le temps à l’échelle de plusieurs coups de mer. Par ailleurs, des chiffres négatifs peuvent également traduire des impacts sur des objets réflectifs de haut de plage ou des ouvrages, qui aggravent localement le phénomène de perte de sable sur la plage émergée. Plusieurs levés seront nécessaires pour confirmer ou infirmer les tendances érosives et les chiffres mesurés ici. Néanmoins, si deux ou trois profils proches montrent des chiffres de forte érosion, l’érosion mesurée peut alors être considérée comme représentative de la zone géographique concernée.
D’une manière générale, 5 à 10 fois plus de volume de sable ont été déplacés sur la zone immergée que sur la plage émergée. L’essentiel des changements a donc lieu sur la partie "non visible" de la plage. En moyenne, les calculs indiquent que l’érosion a dominé sur la plage émergée entre septembre 2015 et septembre 2020. En moyenne, 8 m3 de sable ont été perdus sur la partie aérienne du profil de plage. Sous l’eau, en revanche, la même quantité de sable s'est accumulée. Ces chiffres font bien évidemment écho, vu leur réciprocité, mais la carte montre bien que de fortes pertes sur la plage d’un profil donné ne renvoient absolument pas toujours à des gains sur la plage immergée.
Le changement de volume sur la partie la plus au large du profil (entre -7 m et -11 m de profondeur) a été calculé, et dans ce cas, il apparait clairement que l’accrétion domine entre 2015 et 2020. En moyenne 69 m3 de sable qui se seraient déposés au large de chaque profil, sous forme d’une lentille de dépôt au large de 0,17 m d’épaisseur en moyenne (mais dans ce cas on est dans la marge d'erreur des mesures…).
Evolution des volumes (m3/ml) sur la plage émergée (au-dessus du niveau NGF = 0 m), sur l’avant-côte (entre la plage et la profondeur de 7 m), et sur la partie au large du profil entre -7 m et -11m de profondeur (EID 2020 pour le CD34, CAHM, CABM et CC La Domitienne)
L’analyse de l’évolution du volume des stocks sableux, secteurs par secteurs, fournit également des éléments, complémentaires ou discordants avec les résultats sur le trait de côte. Les secteurs de Sérignan, Portiragnes et Vias-ouest enregistrent des pertes de sable aussi bien sur la partie émergée que sur la partie immergée de la plage, en plus des fortes valeurs de recul du trait de côte. D’autres zones comme Farinette (Vias), le Cap d’Agde et Héliopolis présentent des pertes de sable sur la partie émergée, confirmant ainsi le recul du littoral et le rétrécissement de ces plages, mais également des gains sur la partie immergée, attestant ainsi de la présence de stocks sableux sur l’avant côte. Ces derniers permettent notamment la mise en place naturelle de barres d’avant-côte qui jouent un rôle d'atténuation de l’énergie des houles. Enfin, le secteur des Orpellières, malgré son léger recul vers les terres, présente des valeurs positives quant à l’évolution de son stock sableux, à la fois sur la plage et sur l’avant-côte. Cette accumulation, visible sur les cinq dernières années, atteste d’une relative bonne santé du secteur.
Interprétation des MNT et MNS
les MNT et MNS levés sur les secteurs ciblés au préalable montrent des évolutions contrastées. Les dunes et hauts de plages sont majoritairement en accrétion (dune de Sérignan, haut de plage de Vendres et dune du Clot de Vias), mais cette observation tranche avec les fortes pertes de sable en bas de plage constatées sur ces mêmes secteurs. Ce résultat laisse penser que les parties hautes des plages sont en bonne santé mais se retrouvent directement menacées par les prochaines tempêtes et coups de mer, compte tenu de l'étroitesse du système plage/dune. Les MNT au niveau des graus (Grande Maïre, Riviérette, Libron, Ardaillon) montrent cette tendance de recul du littoral vers les terres, le sable enlevé de la partie immergée et du bas de plage venant se déposer à l’intérieur des graus, au gré des différentes tempêtes et coups de mer.